La fouille de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat

Chantier de fouille -  du 25.01.2016 au 04.03.2016  -

Le PAIR réalise du 25 janvier au 04 mars 2016 une fouille archéologique préalable à la restructuration de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat.

La majeure partie des recherches a concerné le sous-sol de la bibliothèque humaniste dont la réhabilitation prévoit notamment la mise en place de magasins de conservation enterrés.


La bibliothèque humaniste est installée depuis la fin du 19e siècle dans les murs d’une halle aux blés, érigée par la municipalité de Sélestat entre 1839 et 1842. Un pavage de grès recouvrait l’intégralité de la surface du rez-de-chaussée de la halle, ce qui permet d’affirmer que tous les vestiges observés à l’occasion de la fouille sont antérieurs à la halle.


9e - 11e siècle


Les vestiges les plus anciens observés sont un ensemble de sépultures individuelles (23 individus reconnus) participant sans conteste d’un cimetière, en partie médiane du site. Au moins deux niveaux de sépultures ont été reconnus. L’âge au décès des individus est très variable ; ce sont tant des jeunes enfants, que des, adolescents, des adultes et des personnes âgées qui ont été observés.
Tous les corps sont globalement orientés selon un axe est-ouest, avec la tête située à l’ouest, et regardant vers l’est. Il s’agit donc d’un cimetière chrétien.
La datation de cette nécropole est à situer entre le 9e siècle (en cause, l’absence de mobilier dans les tombes, à la différence de la période mérovingienne) et dans le courant du 11e siècle.


10e - 12e siècle


À la suite de l’abandon du cimetière, ont été mis place des cabanes semi-excavées, dont ont été observés les fonds (3). L’une d’entre elles recoupe une sépulture, et une autre a été installée sur une sépulture, ce qui met en évidence leur postériorité. L’un de ces fonds est tapissé d’une couche de bois calciné, bois participait soit de la couverture de la cabane, soit d’une structure qu’elle hébergeait (métier à tisser ?). Cette couche recèle de céramique culinaire datable entre le 10e et le début du 12e s.)


13e - 15e siècle


À l’Est du site, deux bâtiments enterrés, orientés nord-sud, maçonnés en briques liées à la terre, ont été dégagés. Il s’agit d’une cave de plan rectangulaire à sol en terre battu, et d’une latrine, de plan quadrangulaire (avec des longs côtés légèrement concaves tant horizontalement que verticalement) profonde de 2,50 m environ. Le comblement de ces structures recèlent de céramique culinaire datable de la fin du Moyen Âge. Ces deux structures ont été recoupées, la première par une latrine de plan carré maçonnée (briques liées au mortier), et la seconde par un puits au cuvelage constitué de moellons de grès. Leur datation reste à préciser.


Fin du Moyen Âge - 1ère moitié du 16e siècle


Une cave de plan rectangulaire occupe le tiers oriental du site. Ses murs sont conservés sur une hauteur de 2,50 m environ. Un accès, muré avec des briques, perçait le mur occidental, et un autre accès, verrouillable par une poutre coulissant dans l’épaisseur du mur, perçait le mur septantrional. Devant celui-ci a été installé un couloir d’accès voûté, présentant un léger pendage, qui rendait la cave accessible depuis la rue de l’Église.
Cette cave a sans doute été réutilisée par la douane (Kauffhaus) construite par la ville de Sélestat vers 1533-1534, mais paraît lui avoir été antérieure (la douane, d’après l’historiographie, a été construite à l’emplacement de l’hôtel particulier de la famille de Krieg). Le couloir d’accès pourrait dater de cette période, le rez-de-chaussée de la douane courant entre la rue du Sel et la rue de l’Église comme le montrent des plans du 18e s.


Cette cave, disposant d’un sol de mortier, était comblée par des matériaux de démolition, dont des pierres de taille en grès, des fragments de terrazzo ou encore des fragments de hourdis en briques recouverts d’un enduit peint sur leur deux faces. Ces matériaux proviennent peut-être de la démolition de la douane.


17e - 1ère moitié du 19e siècle


Deux latrines maçonnées, l’une comblée par des remblais fourmillant de céramique du début du 19e siècle, et l’autre de céramique du 18e siècle (fond) et de céramique du 19e siècle (surface) ont été repérées en partie orientale du site. Elles fonctionnaient sans doute avec les bâtiments détruits à l’occasion de la construction de la halle aux blés et dont les plans nous sont connus.


1840 ca


La construction de la halle aux blés a entraîné le creusement de profondes et larges tranchées de fondations, et la destruction d'une partie des vestiges conservés jusque là dans le sous-sol.



Voir le projet de la Nouvelle Bibliothèque Humaniste >>


Photographie D. Pichard / P-Mod