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La carrière de l’ancien camp de concentration de Natzweiler
Ces trente dernières années ont vu le développement de l’archéologie de l’internement et notamment de l’archéologie des camps de concentration et d’extermination nazis, apportant ainsi un nouveau dynamisme à l’étude des camps, en permettant un regard croisé des sources archivistiques et archéologiques. Les précurseurs de cette discipline ont entamé des recherches dans les camps situés en Allemagne, en Autriche et en Pologne. Ils ont contribué à développer ce que l’on nomme aussi « archéologie de l’Holocauste ».
Le camp de concentration de Natzweiler

Il s'agit du seul camp de concentration établi par les nazis sur le territoire français actuel. De 1941 à 1944, ce camp, classifié de niveau II (Lagerstufe II), était voué à accueillir les ennemis politiques du Reich. Ce sont tout d’abord des asociaux, des prisonniers de droit commun et des déportés politiques qui y sont enfermés, puis des déportés « NN », c’est-à-dire des résistants dont la capture se place dans le cadre du décret Nacht und Nebel de 1941 visant à anéantir l’opposition politique. Au total, ce sont 52 000 déportés d’une trentaine de nationalités qui vont passer par le camp central de Natzweiler ou l’un de ses camps annexes ; 22 000 d’entre eux y sont morts.
La fouille de la carrière de granite

La carrière de granite, aménagée dès 1941, est gérée par la DESt (Deutsche Erd- und Steinwerke G.m.b.H), firme SS qui s’appuyait sur le travail forcé des détenus des camps de concentration pour réaliser les projets architecturaux du Reich. Dès 1943, la DESt modifie ses activités afin de participer à l’effort de guerre. De nouveaux bâtiments sont installés et les déportés sont alors affectés au démontage de moteurs d’avions pour la firme aéronautique allemande Junkers.

Malgré son importance dès l’origine de la création du camp, la carrière constitue un espace encore peu étudié. Le programme de recherche met en exergue plusieurs problématiques originales :
- La caractérisation des modes de construction et de l’architecture des bâtiments, ainsi que de l’organisation globale de la carrière ;
- L’étude de l’organisation et de la nature des travaux forcés menés au sein de la carrière (exploitation du granite et démontage de moteurs d’avions pour Junkers) ;
- La chronologie des infrastructures du camp depuis leur création pendant la période concentrationnaire jusqu’à leur réutilisation après-guerre pendant la période pénitentiaire.
La fouille a dévoilé les différents aménagements et la chaîne opératoire du travail des déportés. La fouille de la forge et des ateliers se poursuit depuis 2021. Des outils mais aussi des pièces en alliage léger type aluminium ont été découvertes.
Cette fouille programmée fait partie intégrante du programme de recherche du projet doctoral Cifre de Juliette Brangé, « La place des camps de concentration dans l’économie de guerre allemande entre 1939 et 1945, comparaison entre le camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin) et le camp de Flossenbürg (Bavière) », sous la direction d’Alexandre Sumpf (UR 3400 ARCHE).
Arrière-plan : © J. Quantin
GÉNÉRIQUE
Propriétaire | Commune de Natzwiller |
Responsable scientifique | Juliette BRANGÉ |
Collaborateurs | Michaël Landolt (Centre européen du résistant déporté), Louise Guedj (Faculté des Sciences historiques Strasbourg), Pauline Secchioni (Faculté d’Amiens), Arthur Schnepp (Faculté de Strasbourg), Clément Schermann (Faculté de Strasbourg) |
Prescription et contrôle scientifique | Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est - service régional de l'archéologie |
Financement et soutien | Association Nord-Est Archéologie, Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est, Archéologie Alsace, Centre européen du résistant déporté (CERD), Université de Strasbourg
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CONTACT
juliette.brange@archeologie.alsace >>