L'abbaye de Graufthal à Eschbourg

Les vestiges de l'abbaye de Graufthal à Eschbourg font l'objet de recherches archéologiques depuis 2018. À proximité immédiate des Maisons des rochers, non loin de La Petite Pierre et au cœur du Parc naturel des Vosges du Nord, ce site remarquable, dans un état de conservation exceptionnel, doit faire l’objet d’une valorisation patrimoniale et touristique dans les années à venir.

Un couvent de Bénédictines attesté du 12e au 16e siècle

L’histoire de l’abbaye est peu connue car ses archives ont été détruites ou perdues. La première mention assurée de son existence remonte à 1138, dans une bulle du pape Innocent II. L’abbaye est confiée à la tutelle de l’abbaye de Saint-Georges en Forêt Noire (Sankt Georgen im Schwarzwald), réformée dans l’esprit de Hirsau (mouvement réformateur émanent de Cluny). Le couvent bénéficie de nombreux dons et fait fructifier ses possessions en Alsace Bossue, dans la région de Dieuze, dans le comté de Lichtenberg ou dans le Kochersberg. La Réforme marque sa fin et l’abbaye est sécularisée en 1556. Les bâtiments, dévastés durant les guerres de religion, sont utilisés comme carrière pour bâtir des maisons et l'église protestante du village.

Des recherches archéologiques depuis 2018

 

Une campagne de sondage en 2018, puis deux campagnes de fouille programmée en 2022 et 2023 ont permis de documenter plusieurs espaces de l’abbaye, notamment :

  • une grande salle à arcades construite dans le troisième quart du 12e siècle, probablement le réfectoire, divisé en trois vaisseaux et six travées, éclairées chacune par une grande baie cintrée. Les parties supérieures des colonnes mises au jour étaient coiffées de magnifiques chapiteaux cubiques ornés de motifs géométriques ou végétaux ;
  • plusieurs pierres tombales à l’extérieur du mur est du réfectoire ;
  • une seconde pièce, attenante et plus modeste, avec un sol dallé de grès et un système de drainage ;
  • une troisième pièce qui semble correspondre à un angle de cloître et comprend deux niveaux de dallages, notamment un assemblage de plusieurs grandes dalles dont une gravée, avec deux blasons et la mention d’un chevalier de Lutzelbourg inhumé en 1328. Un cercueil en bois parfaitement conservé a été découvert en dessous (resté in situ sous eau).

L’ambition de ce projet pluriannuel de fouilles consiste à préciser la topographie et la chronologie des bâtiments et leur état de conservation, documenter les vestiges mobilier, témoins de la vie quotidienne dans cet établissement monastique et s’intéresser aux conditions environnementales, climatiques et/ou anthropiques ayant mené à l’augmentation du niveau de sol et à la montée des eaux dans le réfectoire au bas Moyen Âge.

Un patrimoine exceptionnel à valoriser

Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1984, l’état de conservation du site est exceptionnel. En effet, le premier niveau du réfectoire est conservé sur la quasi-totalité de sa hauteur, ce qui en fait un cas unique en Alsace. Une anastylose du réfectoire peut être proposée à partir des voûtements effondrés. Les recherches archéologiques précèdent un programme de valorisation, porté par l’association locale et piloté par J.-C. Brua, architecte du patrimoine.

Arrière-plan : © Archéologie Alsace


GÉNÉRIQUE

Propriétaire

Commune d'Eschbourg

Responsable scientifique 

Lucie WISSENBERG (depuis 2023), Jacky KOCH (2018, 2022)

Collaborateurs    

Florian Basoge, Emeric Jungmann, Bernhard Metz

Prescription et contrôle scientifique

Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est - service régional de l'archéologie

Financement et soutien

Association de Mise en Valeur du Site de Graufthal Eschbourg, Archéologie Alsace, Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est

 

 


RAPPORTS D'OPÉRATION

2018  |  2022 


LIENS

Maisons des Rochers de Graufthal >>


CONTACT

lucie.wissenberg@archeologie.alsace >>