Kœstlach, Le "Kastelberg", un site de hauteur fortifié

Entre les vallées du Rhin et de la Saône, la Trouée de Belfort joue un rôle stratégique dans le contrôle des voies de communication et d’échanges dès la Préhistoire. Dans le sud de l'Alsace, les premiers contreforts du Jura sont ainsi favorables à l’implantation des hommes qui y installent des sites de hauteur fortifiés dès le Néolithique (V-IVèmes millénaires avant J.-C). Celui du "Kastelberg", situé sur un éperon dans les communes de Kœstlach et Mœrnach, a fait l'objet de recherches au début du XXème siècle par l’archéologue Karl Sebastian Gutmann. De 2011 à 2014, la reprise de campagnes de fouille a permis de renouveler la compréhension du site, du Néolithique à l'âge du Fer.

La plus ancienne architecture de pierre en Alsace

La fortification la plus ancienne protège une surface d'environ 5,5 ha. Elle se compose d'une partie dite "de barrage" (coupant l'espace du promontoire) qui présente des parois en petites dalles de calcaire. Des enceintes de ce type sont connues en Bourgogne et en Franche-Comté au Néolithique moyen (entre 4200 et 3600 avant J.-C. environ). Des analyses radiocarbones menées sur des charbons de bois et des ossements d’animaux confirment la datation de celle du "Kastelberg" entre 4000 et 3400 avant J.-C. environ.

Le reste de cette fortification dite "de contour" (qui suit la forme de l'éperon) se distingue nettement par son architecture sans que l'on sache encore l'expliquer (adaptation au terrain ? différence chronologique ?). De nombreux fragments d'outils en pierre polie ou taillée pourraient témoigner d’une occupation néolithique dans d'autres secteurs/au niveau de la zone 1, mais les chercheurs ne peuvent pour le moment préciser à quelle culture cette occupation peut être rattachée.

De rares témoins de l’âge du Bronze

Quelques fragments de céramique et une pointe de flèche en alliage cuivreux datent de l’âge du Bronze (fin du IIème millénaire avant J.-C.). Durant cette période, d'autres sites de hauteur de la région sont occupés, comme celui du "Hohlandsberg" à Wintzenheim. Il n’est cependant pas possible de préciser à quel type d’occupation ces éléments se rattachent et la présence d’une fortification ne peut être évoquée.

Des fortifications aux deux âges du Fer

Une seconde fortification, construite au milieu du Premier âge du Fer (VII-VIèmes siècles avant J.-C.), protège 2,6 ha à l’est du plateau. Elle comporte un système de barrage à double fossé à double talus fossoyé. Des poteaux verticaux devaient renforcer la construction et pourraient correspondre à un aménagement particulier (porte ? réparation ?). À l'arrière, des restes d'animaux, de la céramique ainsi que des objets en pierre ont été découverts. À l’intérieur de la fortification, un amoncellement de plaquettes de calcaire formant une véritable terrasse sur le point culminant correspond à une plateforme non défensive, facilitant l’implantation d’une habitation.

Des analyses menées sur des dalles de calcaire effondrées à proximité ont fourni une datation entre 410 et 230 avant J.-C. environ et posent ainsi la question de la chronologie de différentes enceintes. Une fréquentation du site à la fin du Second âge du Fer peut être proposée mais ne peut être précisée pour l’instant.

Une position stratégique pendant la Première Guerre Mondiale

Durant la Grande Guerre, la topographie du site est mise à profit par les troupes allemandes qui y installent un poste d’observation orienté vers Belfort. Le front stabilisé n'est qu'à une quinzaine de kilomètres à l’ouest. Des tranchées, des galeries et des abris y sont également aménagés.

Arrière-plan : J. Ehret


GÉNÉRIQUE

Propriétaire

Communes de Kœstlach et de Mœrnach

Responsables scientifiques

Michaël LANDOLT et Felix FLEISCHER (Archéologie Alsace, UMR 7044)

Collaborateurs scientifiques    

Christophe CROUTSCH (Archéologie Alsace, UMR 7044), Céline LEPROVOST (Archéologie Alsace), Michel MAUVILLY (Serv. archéologique de l'État de Fribourg), Olivier PUTELAT (Archéologie Alsace, UMR 7041), Wolf-Rüdiger TEEGEN (Ludwig-Maximilians-Universität München)

Partenaires scientifiques

Université de Strasbourg - UMR 7044, Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg, Institut für Ur- und Frühgeschichte und Vorderasiatische Archäologie

Partenaires financiers

DRAC Grand Est, Communauté de communes du Jura alsacien, Archéologie Alsace, Antea Archéologie

Prescription et contrôle scientifique

SRA / DRAC Grand Est



RAPPORTS D'OPÉRATION

2011  |  2012  |  2013