Altorf

La fouille archéologique du site « Lotissement route des Romains » à Altorf concerne une surface de 14 000 m² séparée en deux zones distinctes, distantes d’une bande d’une vingtaine de mètres de large environ.

Au total, ce sont environ 350 entités archéologiques qui ont été mis en évidence, principalement des structures excavées et plus rarement des vestiges maçonnés. Ils documentent deux périodes, d’une part, une occupation datant du Néolithique (4^ème millénaire av. J.-C.), d’autre part, une majorité de structures réparties entre le courant de la période gallo-romaine (2^ème - 3^ème s.) et le début du Moyen Âge (6^ème - 7^ème s.).

Les vestiges de la période néolithique concernent une série de fosses de stockage, de type silo à grains, dans lesquelles étaient conservées les récoltes céréalières. Celles-ci servaient aussi bien à la consommation courante qu’à la préservation des semences nécessaires pour les productions de l’année suivante. Par ailleurs, quatre sépultures humaines ont été mises en évidence dans certaines de ces fosses. Elles sont réparties par groupes de deux individus, déposés successivement. Ces sépultures ne sont pour l’instant pas datées et feront l’objet de datation radiocarbone afin de préciser leur chronologie. Il est cependant probable qu’elles appartiennent à l’occupation néolithique du site.

L’occupation gallo-romaine se caractérise par un ensemble de caves d’une surface comprise entre 4 m² pour les plus petites jusqu’à 10 m². Ces caves servaient à la conservation des denrées, comme en témoigne la découverte de vases ou de leur emplacement, ainsi qu’au stockage de matériaux ou d’outillage. Elles étaient généralement installées au sein de bâtiments d’habitation de plain-pied dont aucune trace n’a pu être mise en évidence à Altorf. Ces caves ont livré la majorité du mobilier archéologique et sont datées du courant de la période gallo-romaine (2^ème - 3^ème s.) et de la fin de l’Antiquité (4^ème - 5^ème s.).

De nombreuses traces d’activités artisanales ont pu être relevées, principalement dans la partie ouest du site, suggérant une éventuelle concentration de certaines de ces activités. Ainsi, des déchets du travail du fer ont été mis en évidence, matérialisés par des scories issues du traitement du minerai et des battitures résultant du façonnage du métal et de sa finition. Plusieurs fours ont été découverts dans le même secteur et pourraient servir à alimenter l’activité métallurgique. À l’est, une série de fours, dits en cloche, constitués d’une chambre de chauffe en forme de dôme en argile crue, ouvert sur une aire de service ont été découverts. Ces fours ont une vocation domestique puisqu’ils servent en général à la cuisson des aliments et notamment du pain.

L’occupation du début du Moyen Âge couvre quant à elle les 6^ème et 7^ème s. Cette occupation se caractérise par une transformation structurelle avec la disparition des caves gallo-romaines au profit de cabanes excavées. Ces dernières, au nombre de 20, sont en général des petits bâtiments sur poteaux plantés avec des murs en torchis, semi-enterrés, abritant les activités artisanales. Elles concernent principalement le travail du textile avec la découverte d’aiguilles et de fusaïoles utilisées pour le filage.

L’intérêt scientifique majeur de la fouille archéologique d’Altorf réside dans l’analyse de cette continuité d’occupation entre la culture gallo-romaine et la culture germanique médiévale, encore rarement perçue dans la région. Ainsi, l’analyse des vestiges, de leur évolution topographique ainsi que des mobiliers archéologiques (vaisselle, outillage, artisanat, ossements animaux et restes végétaux) permettront d’enrichir les connaissances à l’échelle d’un habitat sur la transition entre l’Empire romain et le Premier Moyen Âge en Alsace.