Andlau

L’occupation monastique d'Andlau

La fouille préventive s’est déroulée sur un terrain de 900 m², au sud de l’église abbatiale romane, à l’emplacement présumé du cloître de l’ancienne abbaye. C’est la première approche archéologique de l’abbaye médiévale d’Andlau, connue de manière lacunaire par des sources écrites.

LES PREMIERS BÂTIMENTS CONVENTUELS

En 879/880, Richarde, femme de l’empereur Charles le Gros, fonde une abbaye réservée aux femmes de la haute noblesse au débouché de la vallée de l’Andlau. Les vestiges mis au jour confirment une première construction à la fin du 9^e siècle. À cette date, une seule salle d’habitat est archéologiquement perceptible. Dans l’angle sud-est, la découverte, inédite pour cette période, d’un socle de poêle de chauffage indique une pièce de vie, peut-être une salle commune. Au-delà du mur conservé, à l’est et au sud, le terrain est utilisé pour rejeter les déchets domestiques.

L’ABBAYE DES 12^E et 15^E SIÈCLES

À partir de la deuxième moitié du 12^e siècle, un nouvel ensemble plus vaste est construit. Il comprend au moins quatre pièces disposées autour d’un cloître. Au sud, une salle de plus de 100 m² peut correspondre au réfectoire. Une canalisation scellée dans un mur méridional et destinée à l’évacuation de l’eau est installée postérieurement. Immédiatement à l’ouest de cette salle, une autre pièce est dotée d’un foyer maçonné, témoignant de sa probable fonction de cuisine. À l’ouest du cloître, l’analyse architecturale d’un bâtiment par le Service de l’Inventaire du Patrimoine conclut à sa probable fonction de salle capitulaire. Au sud et à l’est de l’emprise, les zones non bâties sont interprétées comme des jardins. Ce plan est classique pour un couvent du Moyen Âge où les cloîtres sont entourés de bâtiments servant à la vie commune. Cette phase de construction est certainement à mettre en relation avec l’incendie des années 1160-1161 rapporté par les sources historiques, et les reprises observées aux rénovations dans le courant du 15^e siècle.

Les 16^e et 17^e siècles sont une période de grande prospérité pour l’abbaye qui a pourtant laissé peu de vestiges archéologiques. Hormis quelques nouvelles subdivisions dans les pièces existantes, la disposition des bâtiments de l’abbaye varie peu jusqu’au 18^e siècle. Seul un bâtiment excavé de grande dimension est construit à une date indéterminée dans l’angle sud-est de l’emprise de la fouille. Isolé, d’orientation différente des autres bâtiments, sa situation dans l’enclos paroissial est assurée mais ses liens avec l’abbaye ne sont pas évidents.

LE 18^E SIÈCLE, OU LA DISPARITION PROGRESSIVE DES BÂTIMENTS

D’importants travaux de reconstruction de l’église abbatiale sont connus par les textes autour de l’année 1700. C’est sans doute aussi à cette date que sont restructurés les bâtiments de l’abbaye : démantèlement au début du 18^e siècle et disparition du cloître. Mais l’abbaye en tant qu’institution persiste et de nouveaux logements sont construits pour l’abbesse et les religieuses. Au moment de la Révolution, l’abbaye est démantelée, ses biens confisqués et l’enclos paroissial transformé en jardins.

L’ALIMENTATION DES RELIGIEUSES

Le corpus faunique de la première phase de l’occupation de l’abbaye (9^e – 12^e siècles) est extrêmement riche. Le porc, les caprinés (mouton et chèvre) et le bœuf composent l’essentiel de l’alimentation carnée des religieuses d’Andlau. L’apport de la basse-cour est aussi visible (poules et œufs) ainsi que la chasse (chevreuil, sanglier) et la chasse aux oiseaux (grue cendrée, pigeon, pic). De nombreux restes dispersés de poisson indiquent qu’un complément est apporté par la pêche. Parmi tous ces animaux, certains, comme le porc ou la grue cendrée, soulignent le statut social élevé des religieuses d’Andlau et peuvent provenir de redevances comme de dons. D’autre part, les animaux sont consommés jeunes ou adultes, jamais âgés, ce qui souligne la qualité de l’alimentation. Enfin, aucun os de chien n’a été observé mais ses nombreuses morsures sur d’autres os montrent sa présence dans l’abbaye.